Quels sont les signes cliniques les plus fréquents dans le cas d'un méningiome?
Réponse A: crises épileptiformes chez le chien
Réponse B: crises épileptiformes chez le chien et le chat
Réponse C: crises épileptiformes chez le chat
Réponse D: troubles du comportement chez le chien et le chat
La bonne réponse du quizz est la réponse A.
Néanmoins, tous ces symptômes sont possibles dans le cas d'un méningiome ! Découvrez en plus sur cette pathologie dans le cas clinique qui suit.
- Le méningiome est une tumeur des méninges
- C'est la tumeur cérébrale la plus fréquente du chien et du chat
- La crise épileptiforme est le signe clinique le plus courant du méningiome intracrânien chez le chien contrairement au chat
- Le scanner et l'IRM sont utilisés pour poser le diagnostic
- Le traitement chirurgical représente l'option thérapeutique de choix
C'est une tumeur primitive liée aux méninges et est située au contact de la boîte crânienne. C'est le type de tumeur le plus fréquent du système nerveux central chez les chiens et les chats âgés (40% et 60% respectivement dont 20% d'entre eux sont asymptomatiques). Il est dans la plupart des cas attachée à la dure mère (82% des cas). Certaines races sont prédisposées dont les Golden Retriever et les Boxer et il est plus fréquent chez les femelles.
Il existe différents types de méningiomes avec des aspects plus ou moins agressifs selon leur grade et leur nature.
Pour connaître les conséquences sur le parenchyme cérébral, il est nécessaire de déterminer la nature et la localisation de la masse par un bilan d'imagerie (scanner ou IRM) et d'histologie (après exérèse).
Les chats et les chiens présentent généralement un début insidieux de signes cliniques en raison de la croissance assez lente des méningiomes. Les propriétaires d'animaux peuvent attribuer les changements subtils de comportement à la vieillesse.
La gravité des signes cliniques dépend de la vitesse de croissance et de la localisation du méningiome, de l'œdème péritumoral, de la pression intracrânienne et des mécanismes de compensation dans le cerveau.
Les crises épileptiformes sont de loin le signe clinique le plus courant du méningiome intracrânien chez le chien. D'autres signes cliniques incluent des troubles du comportement, de troubles locomoteurs (ataxie, proprioception..), de la cécité partielle ou complète, des douleurs (dont cervicalgie).
Des crises peuvent également survenir en cas de méningiome chez les chats, mais elles sont beaucoup moins fréquentes que chez les chiens. Les chats peuvent présenter une baisse de la vision, une ataxie, une parésie, ou une altération de la conscience. Dans deux rapports sur la néoplasie intracrânienne féline, 21 % des chats ne présentaient aucun signe neurologique spécifique mais présentaient une léthargie et une anorexie ; seulement 22 % des chats atteints de tumeurs cérébrales avaient des crises épileptiformes.
Il est important de rapidement déceler les signes cliniques car les conséquences sur le système nerveux peuvent être graves (hydrocéphalie secondaire à l'hypertension intracrânienne, nécrose des tissus par manque de vascularisation et hémorragie par infiltration de la tumeur).
LE DIAGNOSTIC
Une chienne femelle de race caniche de 8 ans est présentée pour des crises épileptiformes et de l'amaurose transitoire depuis plusieurs semaines.
L'examen clinique général ne montre aucune anomalie. L'animal a un bon état général et une auscultation cardiaque dans les normes. A l’examen neurologique, elle est ambulatoire, ne présente pas de déficit proprioceptif ni de troubles locomoteurs. Elle présente une absence de reflexe à la menace.
Un examen tomodensitométrique est réalisé avec injection de produit de contraste. Il révèle la présence d'une masse cérébrale de 8mm de diamètre avec un œdème sévère en périphérie de la masse, concluant que les crises sont probablement secondaires à celle ci.
Une prise en charge chirurgicale est décidée.
LA CHIRURGIE
Un scanner pré-opératoire est réalisé afin de localiser la masse et faire un marquage de la
boite cranienne au bleu de méthylène.
L' animal est induit au valium et propofol avec un relais anesthésique volatile par isoflurane. Une analgésie par perfusion continue de lidocaïne et morphine est mise en place. L'anesthésie est monitorée tout au long de la chirurgie avec une surveillance respiratoire et cardiaque. La fluidothérapie est assurée par une pompe à perfusion NaCl 0,9%, à 5ml/kg/h puis remplacée par du mannitol à l’ouverture de la boite cranienne pour éviter une hypertension intracrânienne.
L'incision cutanée est réalisée et suivie d’une incision du muscle occipital et du fascia. Une craniotomie latérale de l’os frontal et de l’os pariétal est réalisée par une fenêtre de 1,5 x 1,5cm à l’aide d’une fraise et d'un moteur neurologique (high speed)
Une durotomie est réalisée autour de la masse à l’aide d’une aiguille orange , la masse est adhérente à la dure-mère, une durectomie est alors pratiquée. La masse peut à présent être retirée.
Le muscle temporal et son fascia sont avancés au dessus de la craniotomie et attachés à l’aide de tunnel réalisé dans l’os frontal. La chirurgie se finit par la fermeture du muscle occipital, du tissus sous cutané et
de la peau.
Mise en évidence de la masse
Exérèse
Craniotomie par fraisage
LE POST OPERATOIRE
Un scanner de contrôle en sortie de bloc est réalisé afin de constater le retrait de la masse
dans son intégralité. Une surveillance du réveil, de la température et des risques post opératoires
sont assurés.
L'animal est gardé en observation pendant 48 heures pour surveiller tout signe
d’hypertension intracranienne.
La mise en place d'un traitement médical spécifique est nécessaire : Gabapentine, antibiothérapie,
anti-inflammatoire à dose dégressive sur trois semaines et phénobarbital.
Les contrôles cliniques à deux et sept jours post opératoire montrent un bon état général de
l'animal. Un scanner de contrôle est demandé trois mois après la chirurgie.
L'histologie de la masse se révèle être un méningiome fibreux (fibroblastique) de très bon pronostic.
Un suivi clinique est réalisé 2 mois après l'intervention, la chienne ne présente plus aucun signe clinique.